Paul Cézanne, né le 19 janvier 1839 à Aix-en-Provence, mort le 22 octobre 1906 à Aix en Provence, est un peintre français, membre du mouvement impressionniste, considéré comme le précurseur du post-impressionnisme et du cubisme.
Paul Cézanne n'exécuta rien qui ne fût conforme à son authentique sentiment intérieur et s'évertua à transposer la sensation visuelle dans une construction purement plastique. Paul Cezanne est considéré comme le « père de l'art moderne ».
- 1. Un Aixois
- 2. Paul Cezanne et son père
- 3. La première manière
- 4. Paul Cezanne peintre artisan
- 5. Hortense Fiquet modele et femme de Paul Cezanne
- 6. Sous l'influence impressionniste
- 7. L'émancipation plastique
- 8. Cezanne le refusé
- 9. Cézanne et la Provence
- 10. Cézanne le père de l'art moderne
- 11. Cezanne et Pissarro à Pontoise
- 12. Achevement du style de Cezanne
- 13. Une popularité tardive
- 14. Citations de Paul Cezanne
- 15. Cezanne dans la chanson
Plaque devant l'ancien Collège Bourbon devenu Lycée Minet. Paul Cézanne y a étudié pendant son adolescence de 1852 à 1858 au côté de son ami Emile Zola. |
1. Un Aixois
C'est un enfant né hors mariage de Louis Auguste Cézanne, âgé de 40 ans, qui le reconnaît, et d'Anne Élisabeth Honorine Aubert, ouvrière chapelière, 24 ans.
Fils d'un riche chapelier devenu banquier en 1847, Paul Cézanne fait des études primaires au collège Bourbon d'Aix-en-Provence, où il se lie d'amitié avec Émile Zola ou ils étaient voisin de classes et inséparable de 1852 à 1858, "Nous avions l'amitié, nous rêvions d'amour et de gloire" écrivit Emile Zola à propos son amitié avec Paul Cezanne. Par le passé Cezanne qui était un ado grand, fort et musclé lui avait porté secours dans des bagarres dans la cours de récré, il avait comme ça sauvé son ami Zola de nombreuses fois de mauvaises situations. Il obtient le BAC à 18 ans en 1858, puis il entre à la faculté de droit; mais il ne va pas en cours et il invoque sa vocation picturale (les Quatre Saisons, 1860) pour rejoindre son meilleur ami Zola à Paris, en 1861.
Paul Cézanne fréquente le collège Bourbon (devenu le collège Mignet), où il se lie d'amitié avec Émile Zola, Jean-Baptiste Baille et Louis Marguery. Ils sont « les Inséparables ». Un jour, Paul Cézanne défend dans la cour de récréation le jeune Zola. Le lendemain, pour le remercier de son action, Zola lui offre un panier de pommes ( et pas des pêches mais ça aurait pu être possible). Les pommes sont un des motifs récurrent du peintre dans ses natures mortes pendant toute sa carrière. Des années plus tard, Cézanne déclarait à Joachim Gasquet : « Tiens ! Les pommes de Cézanne, elles viennent de loin ! »
Il y travaille à l'académie Suisse (un atelier privé) et fréquente le Louvre. Il échoue cependant au concours d'entrée aux Beaux-Arts et, au cours des années 1862-1869, passe de Paris à Aix puis d'Aix à Paris.
2. Paul Cezanne et son père
Son père est chapelier, et demeure 55, sur le cours, aujourd'hui le cours Mirabeau, où il travaille à la chapellerie Carbonel qu'il a fondée et que tient une parente d'Anne Aubert. L'enfant est baptisé le 20 février à l'église Sainte-Madeleine. Le 4 juillet 1841 nait une sœur, Marie. Le 29 janvier 1844, Louis Auguste Cézanne épouse Anne Aubert qui a pour dot ses économies d'ouvrière.
Le milieu d'origine de Cézanne est celui de la bonne bourgeoisie provinciale . Son père, propriétaire à Aix-en-Provence d'une prospère fabrique de chapeaux, vivait cependant quelque peu en marge de la société aixoise: il n'était pas marié avec la mère de son fils, une de ses anciennes ouvrières, lorsque ce dernier naquit, en 1839, et ne légalisa sa situation que cinq ans plus tard, avant de s'établir comme banquier.
Cezanne fit toutes ses études à Aix, acquérant une solide culture classique et se liant d'une profonde amitié avec quelques-uns de ses camarades de collège, au premier rang desquels Émile Zola, alors son confident le plus intime.
Le , Louis Auguste Cézanne ouvre la banque Cézanne et Cabassol, de son nom et de celui de son associé au 24, rue des Cordeliers. La famille est relativement aisée. Paul Cézanne enfant suit les cours de l'école communale, puis de l'école catholique Saint-Joseph. Il s'y lie avec Henri Gasquet.
Son père le destinait au droit, et il s'inscrivit à la faculté d'Aix en 1858. Sa vocation artistique était pourtant déjà suffisamment affirmée (il avait suivi les cours de l'école gratuite de dessin depuis 1857) pour qu'il songe à aller étudier la peinture à Paris.
Le naît sa seconde sœur, Rose, dont Paul est le parrain. À partir de 1857, il suit des cours à l'école de dessin d'Aix-en-Provence, d'après le modèle vivant et les plâtres et sculptures conservés au musée, sous la direction de Joseph Gibert, le directeur et conservateur du musée et ce jusqu'en 1861. Bon élève, en particulier en mathématiques, en 1858, il passe son baccalauréat avec succès et entreprend sans enthousiasme des études de droit à l'Université d'Aix à la demande de son père. La même année, Cézanne semble être tombé amoureux d'une inconnue qu'il croise quand il va au lycée. Le , Cézanne reçoit le second prix de peinture de l'école gratuite d'Aix-en-Provence pour « une étude de la tête d'après le modèle vivant à l'huile et de grandeur naturelle ». En 1860, Cézanne abandonne ses études de droit pour monter à Paris.
Il finit par obtenir de son père - qui subvient à ses besoins - l'indispensable autorisation pour un premier séjour parisien au printemps et à l'été de 1861, lors duquel il fréquente l'Académie Suisse, où il rencontre Pissarro et Guillaumin, mais échoue au concours d'entrée à l'Ecole des Beaux-Arts.
Il revient à Aix travailler dans la banque paternelle, mais repart un an plus tard pour Paris où il se réinscrit à l'Académie Suisse. C'en est désormais fini des faux départs, des hésitations sinon du découragement devant les difficultés du métier : Cézanne, définitivement, a décidé d'être peintre.
C'est dans l'atelier de l'académie Suisse que Cézanne fit la connaissance des peintres Pissarro et Armand Guillaumin et du modèle Marie-Hortense Fiquet, avec laquelle il entretiendra une longue liaison cachée par crainte d'offenser ses parents. De cette union naîtra leur fils prénommé Paul.
Renoir rapporte l’incompréhension d’Émile Zola quand Cézanne lui confiait sa préoccupation de « trouver les volumes » : Zola essayait de lui démontrer la vanité d’une telle recherche. « Tu es doué. Si tu voulais seulement soigner l’expression. Tes personnages n’expriment rien ! » Un jour, Cézanne se fâcha : « Et mes fesses, est-ce qu’elles expriment quelque chose? »
Paul Cézanne a peint près de deux cents portraits au cours de sa carrière, dont vingt-six autoportraits et quarante cinq représentant son épouse, Hortense Fiquet.
Prêt à assimiler les recherches des impressionnisme, Cézanne – accompagné de sa maîtresse, Hortense Fichet, et de son fils qui vient de naître – va s'installer auprès de Camille Pissarro, à Pontoise, en 1872, puis, en 1873, auprès du docteur Paul Gachet (collectionneur et peintre lui-même) à Auvers-sur-Oise, où il se retrouve aux côtés de Vincent Van Gogh.
7. L'émancipation plastique
Cézanne, dans la première série qu’il consacre, entre 1882 et 1887, à la montagne Sainte-Victoire , qui reste aujourd’hui comme son sujet de prédilection, en est arrivé à un style imprégné de classicisme. La construction formelle du motif est désormais déterminante, comme dans La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, où les branches de l’arbre, au premier plan, accompagnent sur toute la longueur du tableau la courbure de la montagne, avec une intention évidemment décorative, teintée de japonisme. La touche, compacte et resserrée, disposée en vibrantes diagonales parallèles, acquiert une certaine autonomie par rapport aux objets représentés. Le coloris, plus éclatant et plus tranché, s’affranchit lui aussi du strict rendu réaliste: l’effet proprement plastique semble désormais primer. C’est au même moment qu’apparaissent, dans les natures mortes, les distorsions de l’espace qui ne peuvent, comme on le pensait à l’époque, relever, à ce stade du développement stylistique cézannien, de simples maladresses. Incomprises en leur temps, elles sont ensuite devenues comme l’un des traits caractéristiques de son génie, génie d’un peintre annonciateur ou initiateur du cubisme.
Annoncée par l'éclatement de la couleur (Jeune Garçon au gilet rouge, 1888-1889), l'exaltation lyrique caractéristique de la dernière période du peintre se nourrit d'une nouvelle liberté de la touche qui s'exprime de manière exemplaire dans de somptueuses natures mortes (Pommes et oranges, 1899). L'art de Cézanne culmine tant dans ses ultimes toiles provençales que dans ses Grandes Baigneuses, où le nu féminin n'a plus d'autre raison d'être que de concourir à l'édification de l'œuvre en tant que système rythmé de formes et de couleurs.
Incompris de la plupart de ses contemporains, hormis de jeunes artistes comme Émile Bernard, qui lui rendent visite et recueillent ses propos sur l'art, Cézanne rompt avec son isolement en exposant au Salon d'automne de 1903, trois ans avant sa mort.
L'œuvre qu'il laisse – faite de quelque 900 toiles et 400 aquarelles – est revendiquée par les fauves, puis annexée par les cubistes, quitte à la transformer. En Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, aux États-Unis, elle ne cesse pas d'irriguer les courants auxquels s'identifiera l'évolution de l'art moderne.
« Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude. » Paul Cézanne
« La nature, pour nous hommes, est plus en profondeur qu'en surface, d'où la nécessité d'introduire dans nos vibrations de lumière, représentées par les rouges et les jaunes, une somme suffisante de bleutés, pour faire sentir l'air. » Paul Cézanne, dans une lettre à Émile Bernard du 15 avril 1904.
« Tout dans la nature se modèle sur la sphère, le cône et le cylindre, il faut apprendre à peindre sur ces figures simples » Paul Cézanne
Le , Louis Auguste Cézanne ouvre la banque Cézanne et Cabassol, de son nom et de celui de son associé au 24, rue des Cordeliers. La famille est relativement aisée. Paul Cézanne enfant suit les cours de l'école communale, puis de l'école catholique Saint-Joseph. Il s'y lie avec Henri Gasquet.
Son père le destinait au droit, et il s'inscrivit à la faculté d'Aix en 1858. Sa vocation artistique était pourtant déjà suffisamment affirmée (il avait suivi les cours de l'école gratuite de dessin depuis 1857) pour qu'il songe à aller étudier la peinture à Paris.
Le naît sa seconde sœur, Rose, dont Paul est le parrain. À partir de 1857, il suit des cours à l'école de dessin d'Aix-en-Provence, d'après le modèle vivant et les plâtres et sculptures conservés au musée, sous la direction de Joseph Gibert, le directeur et conservateur du musée et ce jusqu'en 1861. Bon élève, en particulier en mathématiques, en 1858, il passe son baccalauréat avec succès et entreprend sans enthousiasme des études de droit à l'Université d'Aix à la demande de son père. La même année, Cézanne semble être tombé amoureux d'une inconnue qu'il croise quand il va au lycée. Le , Cézanne reçoit le second prix de peinture de l'école gratuite d'Aix-en-Provence pour « une étude de la tête d'après le modèle vivant à l'huile et de grandeur naturelle ». En 1860, Cézanne abandonne ses études de droit pour monter à Paris.
Il finit par obtenir de son père - qui subvient à ses besoins - l'indispensable autorisation pour un premier séjour parisien au printemps et à l'été de 1861, lors duquel il fréquente l'Académie Suisse, où il rencontre Pissarro et Guillaumin, mais échoue au concours d'entrée à l'Ecole des Beaux-Arts.
Il revient à Aix travailler dans la banque paternelle, mais repart un an plus tard pour Paris où il se réinscrit à l'Académie Suisse. C'en est désormais fini des faux départs, des hésitations sinon du découragement devant les difficultés du métier : Cézanne, définitivement, a décidé d'être peintre.
3. La première manière
Cézanne traduit ses débordements et ses angoisses dans ce qu'il appelle sa « manière couillarde », aux couleurs épaisses et souvent sombres, qu'il s'agisse de scènes macabres (la Douleur ou la Madeleine, vers 1867;l'Autopsie, 1868), de portraits traités au couteau à palette (le Nègre Scipion, vers 1867 ; Paul Alexis lisant un manuscrit à Zola, 1869-1870) ou encore d'une scène d'inspiration religieuse comme la Tentation de saint Antoine (vers 1867-1870).
Toutefois, cette manière s'atténue dans les natures mortes – exécutées au pinceau –, où commencent à s'exprimer de façon purement picturale les relations de la surface, des formes et de l'espace (la Pendule noire, vers 1870). Cézanne aborde ensuite le travail sur le motif en peignant des paysages audacieusement composés (Neige fondante à l'Estaque, 1870).
Toutefois, cette manière s'atténue dans les natures mortes – exécutées au pinceau –, où commencent à s'exprimer de façon purement picturale les relations de la surface, des formes et de l'espace (la Pendule noire, vers 1870). Cézanne aborde ensuite le travail sur le motif en peignant des paysages audacieusement composés (Neige fondante à l'Estaque, 1870).
4. Paul Cezanne monte à Paris, un peintre artisan
En 1861, il s'installe à Paris, malgré l'avis défavorable de son professeur de dessin. Ayant échoué au concours d'entrée de l'École des beaux-arts, en raison d'un tempérament coloriste jugé excessif, il revient à Aix travailler dans la banque paternelle. En 1862, il retourne à Paris, assisté par le peintre Chautard, un Aixois, qui lui corrige ses études à l'académie de Charles Suisse et alors qu'il est soutenu dans sa vocation par Zola. Il habite chez la mère de Zola. En 1863, il est inscrit, comme copiste, au Louvre. Là, il travaille d'après la Barque de Dante, de Delacroix, œuvre qu'il est incapable d'achever. En 1864, il copie Les Bergers d'Arcadie, de Nicolas Poussin. Alors qu'il travaille à l'académie de Charles Suisse, il y rencontre Camille Pissarro, Auguste Renoir, Claude Monet, Alfred Sisley et un autre Aixois, Achille Emperaire, dont il fera, plus tard, un portrait demeuré célèbre. En 1865, un article de Marius Roux mentionne Cézanne comme un des bons élèves de l'école aixoise, admirateur de Ribera et Zurbaran.
Les années suivantes, où il alterne les séjours parisiens, les retours à Aix et les voyages en Provence, le voient suivre le chemin d'un étudiant indépendant, mais aussi respectueux de l'apprentissage traditionnel. Il travaille sur le modèle à l'Académie Suisse, fréquente le Louvre où il remplit de nombreux carnets de croquis d'après les maîtres et copie plusieurs tableaux.
Il continue à fréquenter Zola, qui le soutient dans ses efforts, intellectuellement, moralement et même financièrement, et fait aussi la connaissance de Bazille, Renoir, Monet, Sisley. Par l'intermédiaire de Zola devenu l'ami de Manet, il rencontrera celui-ci en 1866.
Les toutes premières oeuvres de Cézanne n'ont pas grand chose à voir avec celles de ses amis impressionnistes, dont il ne partage alors que l'ambition, le désir de nouveauté.
Il est d'abord séduit par le romantisme de Delacroix, et fait entrer dans ses sujets et ses compositions les obsessions qui l'habitent. La violence dramatique de ses sujets est rendue par des couleurs sombres, comme dans "L'enlèvement" - 1867.
Il peint aussi de nombreux paysages et portraits dans un style réaliste inspiré de Courbet.
Cézanne étant un peintre autodidacte (il ne fera pas l'Ecole des Beaux-Arts et l'Académie Suisse ne dispensait pas de cours), sa peinture est alors moins homogène que celle de ses collègues impressionnistes, voir parfois maladroite.
5. Hortense Fiquet modèle qui deviendra la femme de Paul Cézanne
En 1869, Paul Cézanne rencontre Hortense Fiquet, modèle et ouvrière dont le surnom, Biquette, devient La Boule en étant sa compagne.
C'est dans l'atelier de l'académie Suisse que Cézanne fit la connaissance des peintres Pissarro et Armand Guillaumin et du modèle Marie-Hortense Fiquet, avec laquelle il entretiendra une longue liaison cachée par crainte d'offenser ses parents. De cette union naîtra leur fils prénommé Paul.
Hortense Fiquet va devenir sa compagne vers 1869, mais craignant que son père, un être particulièrement borné et sévère, ne désapprouve cette liaison et remette en cause sa pension, Cézanne la lui cache donc, de même que plus tard la naissance de son fils Paul, en 1872, dont l'existence ne sera découverte par son père, par hasard en 1878.
Cette situation bancale durera en fait jusqu'au mariage, en présence des parents, en 1886.
Le couple passe la guerre de 1870-1871 en Provence, puis revient s'établir à Paris.
Pendant la guerre de 1870, Cézanne s'installe à L'Estaque, près de Marseille, avec Hortense. Cézanne est dénoncé comme « réfractaire », la gendarmerie vient l'arrêter mais ne le trouve pas. Cézanne, seul, s'installe dans la bastide du Jas-de-Bouffan, résidence que son père a achetée en 1858.
Le , naissance de Paul, fils de Paul Cézanne et Hortense Fiquet à Paris. Le peintre prévient sa mère mais pas son père, qui ignore tout de sa relation avec Hortense.
En 1873, avec l'aide du docteur Gachet, Cézanne installe sa famille à Auvers-sur-Oise, dans des conditions difficiles. Il y travaille avec Pissaro et Guillaumin. Il aide Daumier, que soigne le docteur Gachet, qui leur prête son atelier de gravure. Le , Cézanne participe à la fondation de la société anonyme coopérative des artistes-peintres avec Degas, Monet, Renoir…
Cézanne peindra 45 portraits de sa femme pendant sa vie. Si les relations entre Hortense et la mère et la sœur de Cézanne sont difficiles, celles-ci lui reconnaissent « cependant une égalité d'humeur et une patience à toute épreuve. Quand Cézanne ne dort pas, elle lui fait la lecture la nuit et cela dure des heures ». Elle lui lit en particulier les poèmes et écrits sur l'art de Baudelaire.
Le 28 avril 1886, il épouse Hortense à Aix-en-Provence. Le 23 octobre, son père décède. Cézanne et ses sœurs recueillent un héritage de plusieurs milliers de francs-or, qui les met à l'abri financièrement. Sur la part de ses rentes, Cézanne en donne 1/3 à sa femme Hortense, 1/3 à son fils Paul et garde la dernière part.
Peinte et dessinée plus de quarante-cinq fois, Hortense Fiquet est le portrait de l'archétype féminin chez Cézanne. Quand Cézanne la rencontre, il a 30 ans, elle en a 19. C'est une « femme libre » qui n'acceptera le mariage qu'au bout de seize ans de vie commune. Les portraits sont peints d'un double mouvement, d'abord devant le modèle avec de longues heures de pose puis terminées de mémoire, pendant de longues heures de méditation et de travail pour le peintre. Cézanne la dépeint « visage impassible, à l'expression presque vide, cette belle personne parait irréelle ». Hortense Fiquet était un « modèle professionnel » suivant les canons esthétiques de l'époque, avec un visage au nez grec. Souvent comparée aux pommes, symbole de l'amitié pour Cézanne, « la Boule », le surnom que Paul Cézanne lui a donnée, est regardée à la fois avec un souverain détachement mais aussi avec une tendresse infinie. Le couple vivant séparé une partie de l'année, elle n'aimant pas le Midi mais « la limonade et la Suisse », suivant le mot de Cézanne, leur correspondance étant perdue, leurs regards mutuels restent un mystère.
Renoir rapporte l’incompréhension d’Émile Zola quand Cézanne lui confiait sa préoccupation de « trouver les volumes » : Zola essayait de lui démontrer la vanité d’une telle recherche. « Tu es doué. Si tu voulais seulement soigner l’expression. Tes personnages n’expriment rien ! » Un jour, Cézanne se fâcha : « Et mes fesses, est-ce qu’elles expriment quelque chose? »
6. Sous l'influence impressionniste
Pissaro initie Cézanne à l'impressionnisme
En 1972 Cézanne s'installe à Auvers-sur-Oise sur les conseils de son ami, le peintre impressionniste Camille Pissarro. Celui-ci lui enseigne les techniques impressionnistes : il suggère de capter la lumière du paysage dans un travail rapide, par petites touches de couleur. Cézanne est séduit et peint alors ses premières toiles impressionnistes, en s'inspirant des conseils de son ami.Prêt à assimiler les recherches des impressionnisme, Cézanne – accompagné de sa maîtresse, Hortense Fichet, et de son fils qui vient de naître – va s'installer auprès de Camille Pissarro, à Pontoise, en 1872, puis, en 1873, auprès du docteur Paul Gachet (collectionneur et peintre lui-même) à Auvers-sur-Oise, où il se retrouve aux côtés de Vincent Van Gogh.
Alors, il éclaircit sa palette, raccourcit sa touche et commence à substituer l'étude des tons au modelé (la Maison du pendu, Auvers-sur-Oise, 1873), réservant l'analyse psychologique aux autoportraits et la rigueur constructive aux portraits (la Femme à la cafetière, v. 1895 ; Madame Cézanne au fauteuil rouge, 1877).
À travers ses recherches, Cézanne met au point une touche orientée qui unifie les éléments de la composition et qui « module » les passages d'ombre et de lumière, en particulier dans les paysages et les natures mortes (dont ses célèbres pommes).
En 1874, il présente trois œuvres à la première exposition des impressionnistes qui se tient dans les anciens ateliers du photographe Nadar ; puis seize toiles et aquarelles à l'exposition de 1877. Mais, blessé par les réactions de la presse et du public, il s'abstiendra désormais d'exposer avec ses amis.
À travers ses recherches, Cézanne met au point une touche orientée qui unifie les éléments de la composition et qui « module » les passages d'ombre et de lumière, en particulier dans les paysages et les natures mortes (dont ses célèbres pommes).
En 1874, il présente trois œuvres à la première exposition des impressionnistes qui se tient dans les anciens ateliers du photographe Nadar ; puis seize toiles et aquarelles à l'exposition de 1877. Mais, blessé par les réactions de la presse et du public, il s'abstiendra désormais d'exposer avec ses amis.
7. L'émancipation plastique
Instable, l'artiste fait des séjours à Paris, mais il se rend aussi à Médan chez Zola (1880), à Pontoise chez Camille Pissarro (1881), à La Roche-Guyon avec Auguste Renoir, puis à Marseille (1883), à l'Estaque avec ce dernier et Claude Monet (1884).
Son travail apparaît alors comme un dépassement de l'impressionnisme, notamment dans les paysages immobiles et intemporels que lui inspire la nature méditerranéenne (le Golfe de Marseille vu de l'Estaque, 1885). Dans des œuvres où la réalité n'est plus que prétexte, on perçoit une tendance à l'abstraction qui s'accentue dans le traitement géométrique du sujet (le Village de Gardanne, 1885-1886).
Tandis que des événements majeurs marquent sa vie privée (la même année 1886, il se brouille avec Zola et son père meurt), Cézanne combine ses diverses expériences. Il joue librement des oppositions entre rigueur et lyrisme, stabilité et mouvement, exactitude et déformation (Vase bleu, 1889-1890). Il approfondit la recherche d'un espace pictural totalement autonome à travers quelques grands thèmes : les paysages de la montagne Sainte-Victoire (la Montagne Sainte-Victoire au grand pin, 1887), les natures mortes (Nature morte au panier, vers 1888-1890), ses séries sur le thème des baigneurs et des baigneuses intégrés dans le paysage, et les cinq versions des Joueurs de cartes des années 1890-1895.
Tandis que des événements majeurs marquent sa vie privée (la même année 1886, il se brouille avec Zola et son père meurt), Cézanne combine ses diverses expériences. Il joue librement des oppositions entre rigueur et lyrisme, stabilité et mouvement, exactitude et déformation (Vase bleu, 1889-1890). Il approfondit la recherche d'un espace pictural totalement autonome à travers quelques grands thèmes : les paysages de la montagne Sainte-Victoire (la Montagne Sainte-Victoire au grand pin, 1887), les natures mortes (Nature morte au panier, vers 1888-1890), ses séries sur le thème des baigneurs et des baigneuses intégrés dans le paysage, et les cinq versions des Joueurs de cartes des années 1890-1895.
8. Cezanne le refusé
Cézanne, à partir de 1863, propose régulièrement des peintures au jury du Salon Officiel de Paris : elles y seront toujours refusées (à une exception près, un portrait, en 1882), malgré ses efforts et les appuis dont il pouvait disposer.
Ses tableaux dénotent déjà une grande diversité thématique : portraits, scènes historiques ou religieuses, natures mortes, paysages de Provence...
Grâce à la pension paternelle, le jeune peintre n'a pas les mêmes problèmes d'argent que certains de ses amis (Monet, Renoir, Guillaumin).
Grâce à la pension paternelle, le jeune peintre n'a pas les mêmes problèmes d'argent que certains de ses amis (Monet, Renoir, Guillaumin).
La montagne Sainte Victoire peinte par le peintre impressionniste Paul Cezanne
9. Cézanne, la Provence, la Sainte Victoire
Cézanne apprend dès son adolescence à s'approprier la Provence lorsqu'il part, en compagnie de Zola, se promener des journées entières dans les garrigues jouxtant la montagne Sainte-Victoire. Celle-ci, qu'il peignit tant de fois, est comme le centre de gravité de son imaginaire personnel, que jalonnent aussi les noms de Château Noir, belle demeure au milieu des pins, de Bibémus, site des carrières de la ville d'Aix, ou de Bellevue, colline située entre Aix et le proche village des Milles.
Entre 1859 et 1899, Cézanne décore la propriété familiale du Jas de Bouffan de fresques immenses. L'atelier du quartier des Lauves, dominant Aix au nord, est sa création. Il faut également mentionner, un peu plus éloignés, l'Estaque, dans la baie de Marseille, et Gardanne, à mi-chemin d'Aix et de Marseille.
Provence la plus belle muse de Cézanne: vidéo sur Arte
Paul Cézanne a peint sans relâche une Provence généreuse et colorée. Prototype de l'artiste maudit, longtemps rejeté par ses contemporains, il a trouvé réconfort et inspiration dans cette nature majestueuse.
Peinte près de quatre-vingts fois, autant à l'huile qu'à l'aquarelle, la montagne Sainte-Victoire est un des motifs et symboles de la peinture de Cézanne. Il aimait aller sur le motif dans « sa » campagne d'enfance. Cézanne s’engage toujours plus loin dans cette voie qui s'achève en 1906 sur « le motif », ne cessant de se recommander de la nature : « L’étude réelle et précieuse à entreprendre c’est la diversité du tableau de la nature. » Il ajoute : « Peindre d'après nature, ce n'est pas l'objectif, c'est réaliser des sensations. » Il ne s'agit pas de pas de peindre« pour copier la nature ».
« J’en reviens toujours à ceci : le peintre doit se consacrer entièrement à l’étude de la nature, et tâcher de produire des tableaux qui soient un enseignement. » Mais il avait conscience du défi qu’il s’imposait à lui-même et le doute l’étreignait souvent : « On n’est ni trop scrupuleux, ni trop sincère, ni trop soumis à la nature ; mais on est plus ou moins maître de son modèle et surtout de ses moyens d’expression. »
De fait, il se plaint que « les sensations colorées qui donnent la lumière sont chez lui cause d’abstractions qui ne lui permettent pas de couvrir sa toile, ni de poursuivre la délimitation des objets quand les points de contacts sont ténus, délicats ».
La recherche du motif est pour lui une expérience physique ; il se faisait accompagner en voiture à cheval jusque sur la route du Tholonet, puis randonnait jusqu'à trouver le bon endroit. Dormant à même le sol, sur une paillasse dans un cabanon à Bibemus, appréciant la vie simple des paysans, se nourrissant d'un morceau de fromage, de quelques noix et d'un vin rosé. Regarder un tableau de Cézanne, « c'est donc déjà partir en promenade. Il faut laisser son regard errer comme il faut marcher à la recherche du motif».
La série de la Montagne Sainte Victoire
La série des Montagne Sainte-Victoire comme les Nymphéas de Claude Monet, les natures mortes cubistes (celle de Picasso, de Braque ou de Juan Gris) conduisent à méditer sur cette fascination du regard obsédé par un thème que le travail pictural fait disparaître par l’effet d’exercices formels de plus en plus déréalisant. C’est que le travail sériel contient le destin temporel de la vision: l’œil ne s’arrête pas arbitrairement sur un simple prétexte, il choisit l’objet sur lequel il va s’acharner, car la série a pour but de dénaturer et, à chaque moment de l’histoire, c’est une nouvelle idéologie de la nature à laquelle le peintre s’affronte.
Cézanne, dans la première série qu’il consacre, entre 1882 et 1887, à la montagne Sainte-Victoire , qui reste aujourd’hui comme son sujet de prédilection, en est arrivé à un style imprégné de classicisme. La construction formelle du motif est désormais déterminante, comme dans La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, où les branches de l’arbre, au premier plan, accompagnent sur toute la longueur du tableau la courbure de la montagne, avec une intention évidemment décorative, teintée de japonisme. La touche, compacte et resserrée, disposée en vibrantes diagonales parallèles, acquiert une certaine autonomie par rapport aux objets représentés. Le coloris, plus éclatant et plus tranché, s’affranchit lui aussi du strict rendu réaliste: l’effet proprement plastique semble désormais primer. C’est au même moment qu’apparaissent, dans les natures mortes, les distorsions de l’espace qui ne peuvent, comme on le pensait à l’époque, relever, à ce stade du développement stylistique cézannien, de simples maladresses. Incomprises en leur temps, elles sont ensuite devenues comme l’un des traits caractéristiques de son génie, génie d’un peintre annonciateur ou initiateur du cubisme.
Ce côté prophétique semble bien loin, en tout cas, des préoccupations de l’artiste qui, dans les quinze dernières années de sa vie, rassemble tout son travail antérieur, en particulier dans la seconde série des Montagne Sainte-Victoire, Cézanne, qui disait, dans ces dernières années, progresser chaque jour un peu plus, écrivait pourtant en 1906 à son fils: “Enfin je te dirai que je deviens, comme peintre, plus lucide devant la nature, mais que, chez moi, la réalisation de mes sensations est toujours très pénible. Je ne puis arriver à l’intensité qui se développe à mes sens, je n’ai pas cette magnifique richesse de coloration qui anime la nature.”
10. Cézanne père de l'art moderne
Cézanne est communément considéré comme l'un des artistes du XIXe siècle ayant le plus inspiré les générations suivantes. Sa façon unique de construire les formes à partir de la couleur, et son approche analytique de la nature, ont influencé les cubistes, les Fauves et les avant-gardes qui leur ont ensuite succédé. Matisse comme Picasso désignaient d'ailleurs Cézanne comme "notre père à tous".
Décrié à ses débuts, et encore assez tard dans sa vie, Cézanne est aujourd'hui une figure capitale de l'histoire de l'art.
Sa participation au mouvement impressionniste, somme toute relativement mineure, compte moins que la place qu'il occupe entre le XIXe et le XXe siècle, entre d'une part le romantisme de Delacroix et le réalisme de Courbet, qui le marquèrent si fortement à ses débuts, et, de l'autre, les mouvements de la peinture contemporaine depuis le cubisme qui, à des degrés divers, se réclamèrent tous plus ou moins de lui.
Il n'est pas sûr que le bruit fait maintenant autour de son œuvre aurait vraiment réjoui le Cézanne des dernières années, qui redoutait par-dessus tout qu'on le récupérât, qu'on lui mît “le grappin dessus”.
La peinture fut pour lui avant tout un travail d'ouvrier, un travail solitaire, sauf à de rares moments, presque pénible, pratiqué sans interruption. De même le dessin, dont on oublie trop souvent qu'il s'agit d'un élément essentiel de son processus créatif.
Cézanne plaçait très haut les fins de l'art, voulant produire des tableaux “qui soient un enseignement”. Aussi ceux-ci sont-ils de plus en plus réfléchis au fur et à mesure qu'il vieillit, mûris dans l'introspection d'un artiste qui, cependant, se donnait comme premier maître la nature: “On n'est ni trop scrupuleux, ni trop sincère, ni trop soumis à la nature; mais on est plus ou moins maître de son modèle, et surtout de ses moyens d'expression”, écrivait-il en 1904.
Cette tension entre la réalité objective et sa transposition esthétique est au cœur de sa démarche. Ainsi s'explique pourquoi Cézanne a pu être un modèle pour les générations qui l'ont suivi, alors même qu'elles employaient des chemins divers et contradictoires entre eux.
"Nous sommes tous partis de Cézanne" dira Fernand Léger. Albert Gleizes surenchérir " Qui comprend Cézanne pressent le Cubisme". En effet, il suffit d'envisager attentivement le processus de ce réalisme qui parti de la réalité superficielle de Courbet s'enfonce avec Cézanne dans la réalité profonde et s'illumine en obligeant l'inconnaissable à reculer..."l'influence de Cézanne apparaîtra chez Picasso par le truchement de Derain dès 1904. Derain a en effet passionnément analysé Cézanne. C'est à partir de Cézanne que Derain a interrogé l'art nègre; cette influence, Derain la partagera avec Matisse puis avec Picasso et conduira entre 1906 et la fin 1907 aux baigneuses du premier, au nu bleu du second et aux Demoiselles d'Avignon du troisième. Tous les trois se seront imprégnés du constructivisme et de la forme structurale des oeuvres de Cézanne.
Annoncée par l'éclatement de la couleur (Jeune Garçon au gilet rouge, 1888-1889), l'exaltation lyrique caractéristique de la dernière période du peintre se nourrit d'une nouvelle liberté de la touche qui s'exprime de manière exemplaire dans de somptueuses natures mortes (Pommes et oranges, 1899). L'art de Cézanne culmine tant dans ses ultimes toiles provençales que dans ses Grandes Baigneuses, où le nu féminin n'a plus d'autre raison d'être que de concourir à l'édification de l'œuvre en tant que système rythmé de formes et de couleurs.
Incompris de la plupart de ses contemporains, hormis de jeunes artistes comme Émile Bernard, qui lui rendent visite et recueillent ses propos sur l'art, Cézanne rompt avec son isolement en exposant au Salon d'automne de 1903, trois ans avant sa mort.
L'œuvre qu'il laisse – faite de quelque 900 toiles et 400 aquarelles – est revendiquée par les fauves, puis annexée par les cubistes, quitte à la transformer. En Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, aux États-Unis, elle ne cesse pas d'irriguer les courants auxquels s'identifiera l'évolution de l'art moderne.
11. Cezanne et Pissarro à Pontoise
Chargé de famille, Cézanne, sur les instances de Pissarro, s'installe en 1872 à Pontoise, puis à Auvers-sur-Oise (il y habite dans un logement fourni par le docteur Gachet), où tous deux travaillent en commun.
Cézanne n'avait alors jusque là travaillé qu'en atelier, et il va suivre l'exemple de Pissarro et se consacrer surtout au paysage sur le motif. Leur collaboration sera très intense et bénéfique, Cézanne s'imprégnant de la manière impressionniste et confortant Pissarro dans sa volonté d'une composition spatiale plus construite.
Dans toutes les années qui suivirent, Cézanne entretiendra un dialogue permanent avec Pissarro et Guillaumin, avec lesquels il partage le souci d'unereprésentation exacte de la nature.
Pissarro obtint la participation de Cézanne à la première exposition impressionniste, en 1874 : ses œuvres y seront très mal reçues, et Cézanne refuse d'envoyer des toiles à la deuxième exposition, en 1876.
Il s'y résout pour la troisième exposition, en 1877, où ses tableaux seront à nouveau mal accueillis par le public, qui les juge plutôt lourds et d'une facture grossière. Les critiques s'en prirent avec une violence particulière aux tableaux de Cézanne.
Théodore Duret (1838-1927) écrit à ce sujet : "L'apport des novateurs en peinture ne s'est jamais produit, au XIXe siècle, sans soulever une opposition plus ou moins violente. Si les Impressionnistes étaient aussi maltraités à leur exposition de 1877, c'est qu'ils avaient atteint leur plein développement et qu'ils montraient réellement des œuvres d'un caractère différent de ce que l'on avait déjà vu. Cézanne était de tous celui qui excitait et devait exciter longtemps le plus d'horreur. On peut dire, pour caractériser l'opinion qu'on s'en formait,qu'il faisait l'effet d'un monstre, d'un ogre. Il avait mis du temps à pleinement se développer. A la première exposition de 1874, il envoyait "La Maison du pendu à Auvers", une œuvre déjà puissante, mais qu'il devait dépasser et qu'il dépassait en effet, en intensité de coloris et en originalité de facture avec "le portrait de M. Choquet" et les paysages exposés rue Le Peletier. "
Cézanne, dégoûté et meurtri, cessera toute participation aux expositions impressionnistes. Il va prendre ses distances avec ses amis.
Dans toutes les années qui suivirent, Cézanne entretiendra un dialogue permanent avec Pissarro et Guillaumin, avec lesquels il partage le souci d'unereprésentation exacte de la nature.
Pissarro obtint la participation de Cézanne à la première exposition impressionniste, en 1874 : ses œuvres y seront très mal reçues, et Cézanne refuse d'envoyer des toiles à la deuxième exposition, en 1876.
Il s'y résout pour la troisième exposition, en 1877, où ses tableaux seront à nouveau mal accueillis par le public, qui les juge plutôt lourds et d'une facture grossière. Les critiques s'en prirent avec une violence particulière aux tableaux de Cézanne.
Théodore Duret (1838-1927) écrit à ce sujet : "L'apport des novateurs en peinture ne s'est jamais produit, au XIXe siècle, sans soulever une opposition plus ou moins violente. Si les Impressionnistes étaient aussi maltraités à leur exposition de 1877, c'est qu'ils avaient atteint leur plein développement et qu'ils montraient réellement des œuvres d'un caractère différent de ce que l'on avait déjà vu. Cézanne était de tous celui qui excitait et devait exciter longtemps le plus d'horreur. On peut dire, pour caractériser l'opinion qu'on s'en formait,qu'il faisait l'effet d'un monstre, d'un ogre. Il avait mis du temps à pleinement se développer. A la première exposition de 1874, il envoyait "La Maison du pendu à Auvers", une œuvre déjà puissante, mais qu'il devait dépasser et qu'il dépassait en effet, en intensité de coloris et en originalité de facture avec "le portrait de M. Choquet" et les paysages exposés rue Le Peletier. "
Cézanne, dégoûté et meurtri, cessera toute participation aux expositions impressionnistes. Il va prendre ses distances avec ses amis.
12. Achevement du style de Cezanne
Il continue de travailler à Paris et dans les environs, tout en revenant régulièrement dans le Midi.
A la fin des années 1870, Cezanne trouvera, plus tard que ses collègues, une forme achevée de peinture, son style personnel.
Si Cézanne se rapproche d'un des principes fondamentaux de l'impressionnisme, qui consiste à se consacrer totalement sur la vision, il ne veut pas en rester à fixer seulement l'"impression" qui en résulte, mais bien "quelque chose d'aussi solide et durable que l'art des musées".
"Le pont de Maincy" - 1882-85 compte parmi les premiers chefs-d'oeuvre de ce style personnel. Le traitement des couleurs des arbres, un vert profond appliqué légèrement, sans séparation nette entre ses petites particules de couleurs voisines, participe à la vision d'ensemble, quand l'organisation picturale du tableau reste bien marquée.
Cézanne peint ses paysages en Ile-de-France, et dans sa Provence où il sillonne les collines autour de la Montagne Sainte-Victoire.
A côté des portraits, des natures mortes , Cézanne va s'intéresser au nu dans la nature, qu'il appellera "baigneuses".
Son tableau accepté au Salon de 1882 constitue une exception qui ne se renouvellera pas, et, refusé une nouvelle fois en 1884, Cézanne abandonne "la lutte pour Paris".
Relativement à l'écart du mouvement artistique, Cézanne travaille maintenant de plus en plus souvent et longuement en Provence, à Aix.
Il garde des contacts avec Pissarro auquel il rend visite, et Renoir qui lui rend visite en 1882, puis en 1883 avec Monet.
Le milieu des années 1880 marquera un tournant dans sa vie personnelle. Il rompt avec Zola en 1886, lors de la parution de "L'Œuvre", où il s'était reconnu dans le personnage du peintre avorté Claude Lantier. La même année, la mort de son père le met en possession d'une fortune suffisante pour lui assurer définitivement son indépendance.
Ses peintures ne seront que très rarement montrées au public : en 1889 à l'Exposition universelle, en 1887 et 1890, avec le groupe des XX, à Bruxelles.
Si Cézanne se rapproche d'un des principes fondamentaux de l'impressionnisme, qui consiste à se consacrer totalement sur la vision, il ne veut pas en rester à fixer seulement l'"impression" qui en résulte, mais bien "quelque chose d'aussi solide et durable que l'art des musées".
"Le pont de Maincy" - 1882-85 compte parmi les premiers chefs-d'oeuvre de ce style personnel. Le traitement des couleurs des arbres, un vert profond appliqué légèrement, sans séparation nette entre ses petites particules de couleurs voisines, participe à la vision d'ensemble, quand l'organisation picturale du tableau reste bien marquée.
Cézanne peint ses paysages en Ile-de-France, et dans sa Provence où il sillonne les collines autour de la Montagne Sainte-Victoire.
A côté des portraits, des natures mortes , Cézanne va s'intéresser au nu dans la nature, qu'il appellera "baigneuses".
Son tableau accepté au Salon de 1882 constitue une exception qui ne se renouvellera pas, et, refusé une nouvelle fois en 1884, Cézanne abandonne "la lutte pour Paris".
Relativement à l'écart du mouvement artistique, Cézanne travaille maintenant de plus en plus souvent et longuement en Provence, à Aix.
Il garde des contacts avec Pissarro auquel il rend visite, et Renoir qui lui rend visite en 1882, puis en 1883 avec Monet.
Le milieu des années 1880 marquera un tournant dans sa vie personnelle. Il rompt avec Zola en 1886, lors de la parution de "L'Œuvre", où il s'était reconnu dans le personnage du peintre avorté Claude Lantier. La même année, la mort de son père le met en possession d'une fortune suffisante pour lui assurer définitivement son indépendance.
Ses peintures ne seront que très rarement montrées au public : en 1889 à l'Exposition universelle, en 1887 et 1890, avec le groupe des XX, à Bruxelles.
13. Popularite tardive
En 1895, la rétrospective organisée par Ambroise Vollard, jeune marchand d'art de 27 ans, où 150 de ses oeuvres sont exposées, allait marquer un tournant pour Cézanne, jusqu'alors rejeté au Salon et peu apprécié lors des expositions impressionnistes.
Cézanne est alors découvert: par ses anciens amis, qui ignoraient en fait beaucoup de son évolution, mais aussi par de jeunes artistes pour qui il est un point d'ancrage, une référence immédiate.
Petit à petit va naître et croître une reconnaissance, à l'origine surtout le fait de jeunes peintres, comme Émile Bernard ou Maurice Denis, qui voient en lui un maître autant qu'un précurseur, puis aussi de quelques rares critiques perspicaces, Gustave Geffroy, Thadée Natanson, Roger Marx, Rilke.
Sa réputation ne va plus cesser de grandir et de s'affirmer (Maurice Denis peint en 1900"L'Hommage à Cézanne" aujourd'hui au musée d'Orsay), avec de nouvelles expositions, chez Vollard en 1898, au Salon des indépendants puis au Salon d'automne (1899, 1904, 1905, 1906). De nombreux peintres viennent alors voir le Maître à Aix.
Toutefois c'est seulement un siècle après la première grande exposition que lui consacra son marchand, Ambroise Vollard, en 1895, et qui le révéla véritablement à ses contemporains, que Cézanne fut véritablement consacré dans son pays : souvenons - nous de cette exposition qui s'est tenue à Paris au Grand Palais et à Londres en 1995. C'est le succès enfin reconnu.
Le rôle des amateurs dans cette reconnaissance fut tout aussi essentiel, de son vivant comme après sa mort : Victor Choquet, le petit fonctionnaire collectionneur des impressionnistes, a à sa manière, contribué à donner sa stature définitive à un peintre dont il posséda des ensembles exceptionnels.
Petit à petit va naître et croître une reconnaissance, à l'origine surtout le fait de jeunes peintres, comme Émile Bernard ou Maurice Denis, qui voient en lui un maître autant qu'un précurseur, puis aussi de quelques rares critiques perspicaces, Gustave Geffroy, Thadée Natanson, Roger Marx, Rilke.
Sa réputation ne va plus cesser de grandir et de s'affirmer (Maurice Denis peint en 1900"L'Hommage à Cézanne" aujourd'hui au musée d'Orsay), avec de nouvelles expositions, chez Vollard en 1898, au Salon des indépendants puis au Salon d'automne (1899, 1904, 1905, 1906). De nombreux peintres viennent alors voir le Maître à Aix.
Toutefois c'est seulement un siècle après la première grande exposition que lui consacra son marchand, Ambroise Vollard, en 1895, et qui le révéla véritablement à ses contemporains, que Cézanne fut véritablement consacré dans son pays : souvenons - nous de cette exposition qui s'est tenue à Paris au Grand Palais et à Londres en 1995. C'est le succès enfin reconnu.
Le rôle des amateurs dans cette reconnaissance fut tout aussi essentiel, de son vivant comme après sa mort : Victor Choquet, le petit fonctionnaire collectionneur des impressionnistes, a à sa manière, contribué à donner sa stature définitive à un peintre dont il posséda des ensembles exceptionnels.
14. Citations de Paul Cezanne
« Je suis le primitif d'un art nouveau. » Paul Cézanne« Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude. » Paul Cézanne
« La nature, pour nous hommes, est plus en profondeur qu'en surface, d'où la nécessité d'introduire dans nos vibrations de lumière, représentées par les rouges et les jaunes, une somme suffisante de bleutés, pour faire sentir l'air. » Paul Cézanne, dans une lettre à Émile Bernard du 15 avril 1904.
« Tout dans la nature se modèle sur la sphère, le cône et le cylindre, il faut apprendre à peindre sur ces figures simples » Paul Cézanne
15. Cézanne dans la chanson
Youtube Video Cezanne Peint de Michel Berger
Paroles de "Cézanne peint" Album en hommage à Paul Cezanne de Michel Berger auteur compositeur du célèbre album Starmania
Silence les grillons
Sur les branches immobiles
Les arbres font des rayons
Et des ombres subtiles
Silence dans la maison
Silence sur la colline
Ces parfums qu'on devine
C'est l'odeur de saison
Mais voilà l'homme
Sous son chapeau de paille
Des taches plein sa blouse
Et sa barbe en bataille
Cézanne peint
Il laisse s'accomplir la magie de ses mains
Cézanne peint
Et il éclaire le monde pour nos yeux qui n'voient rien
Si le bonheur existe
C'est une épreuve d'artiste
Cézanne le sait bien
Vibre la lumière
Chantez les couleurs
Il y met sa vie
Le bruit de son coeur
Et comme un bateau
Porté par sa voile
Doucement le pinceau
Glisse sur la toile
Et voilà l'homme
Qui croise avec ses yeux
Le temps d'un éclair
Le regard des dieux
Cézanne peint
Il laisse s'accomplir le prodige de ses mains
Cézanne peint
Et il éclaire le monde pour nos yeux qui n'voient rien
Si le bonheur existe
C'est une épreuve d'artiste
Cézanne le sait bien
Quand Cézanne peint
Cézanne peint